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Palestine/Israël

Mission découverte 2022

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03/06/2022

AFPS Alsace

   

La journée prévue ce vendredi n’était pas des plus lourdes.

Une seule rencontre au menu,à Saint Jean d’Acre, avec l’association Standing Together, une association de base mobilisant juifs et palestiniens de partout en Israël, à la recherche de la paix, de l’indépendance et de l’égalité pour tous les citoyens, qu’ils soient israéliens ou palestiniens. Alors que la minorité qui est au pouvoir et bénéficie du statu quo actuel cherche à diviser israéliens et palestiniens, Standing Together cherche à diffuser l’idée qu’en étant unie, la majorité des habitants d’Israël, qui n’a aucun intérêt à cette division, finira par s’imposer, parce que là où il y a combat il y a espoir.

La rencontre s’annonçait passionnante, et nous avions des tas de questions à poser, notamment sur la position de Standing Together par rapport au droit au retour en Israël même, ou encore à la lutte pour le rétablissement des droits des palestiniens vivant dans l’État Palestinien, à Gaza et à Jérusalem.Malheureusement la militante qui devait nous recevoir a été infectée par le Covid19 et a dû se décommander en dernière minute.

Ce petit imprévu nous aura permis de dormir une demi-heure de plus afin de mieux nous reposer de l’intense journée de rencontre et de travail de la veille.

Nous avons alors quitté Nazareth à 10h15 avec un bus différent de celui de la veille. Surprise en entrant dans le bus ! À l’avant,au plafond du bus, est collé un drapeau de l’État d’Israël que nous avons jusqu’ici pris l’habitude de retrouver sur les maisons accaparées par les Colons à Jérusalem, où sur les voitures des sionistes militants que nous croisons çà et là sur notre route. Nous aurons l’explication en soirée au moment du débriefing.

 

 

    Nous partons donc pour la première visite « touristique »

 Au menu du jour :, la visite des jardins en terrasses des Baha’ies sur le mont Carmel à Haïfa.

 

Le bahaïsme, est une religion abrahamique et monothéiste qui s'inscrit à sa création dans la mouvance d'un courant chiite ésotérique et critique à l'égard du rigorisme du clergé dominant. Il proclame l’unité spirituelle de l’humanité et les membres de cette communauté religieuse internationale se décrivent comme les adhérents d’une « religion mondiale ».

Les baha’ies sont relativement tolérants et reconnaissent la plupart des prophètes des autres religions monothéistes. Ils sont des adeptes du beaux et du savoir, il sont pacifistes et universalistes.

L’acte de fondation du Bahaïsme est la déclaration du Bāb à Chiraz, en Iran, le 22 mai 1844. Il sera exécuté en public à Tabriz, en Iran, le 9 juillet 1850 à l’âge de 30 ans. Son mausolée est situé au sommet du mont Carmel dans le jardin en terrasses à Haïfa.

Ils seraient entre 5 et 7 millions au monde actuellement. Et le centre mondial des Baha’ies est installé à Haïfa.   

   
    En chemin Issa nous donne quelques indications sur Haïfa, qui est la première ville industrielle d’Israël grâce à son grand port par lequel transite la plus grande partie des importations et exportations d’Israëlmais également de la Palestine occupée, et notamment en ce qui concerne les importations de céréales pour l’ensemble de la Palestine. 84 % des céréales consommées en Palestine sont importées, et elles passent par le port de Haïfa.L’économie de la ville est totalement dépendante des grandes entreprises israéliennes. On y trouve, entre autres, une très importante raffinerie de pétrole.         
   

   Haïfa est une ville de population mixte arabe et juive, mais alors que les palestiniens constituaient pratiquement la totalité de la population avant 1948 il n’en représentent plus que 20% environ aujourd’hui. Il y a eu de grandes batailles pour la maîtrise de la ville. Les sionistes ont attaqué la ville à maintes reprises et cela avec le soutien des anglais. Les israéliens ont fini par la prendre et une très grande partie des palestiniens est partie vers la Cisjordanie, Gaza ou ailleurs encore. Il y a également un quartier allemand qui existait déjà avant 1948. Ils étaient même assez nombreux. Mais il ont également été chassés après 1948. Tout cela fait qu’aujourd’hui l’architecture de la ville est une architecture mixte palestinienne-européenne.

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Nous sommes arrivés au pieds des jardins en terrasses Baha’ies vers 11h30, afin de prendre quelques photos depuis tout en bas.

Puis nous sommes montés en bus jusqu’à la porte d’entrée du jardin donnant sur le mausolée, mais malheureusement le jardin était fermé,sans aucune explication, alors qu’il est normalement ouvert tous les jours de 9h00 à 17h00. C’est la seconde déconvenue de la journée. D’autant plus que le jardin en terrasses est magnifique, multicolore et très soigneusement tenu.

   

   

Nous sommes alors monté encore plus haut afin d’avoir une vue panoramique sur la ville. Au-dessous de nous se trouve le jardin en terrasses Baha’ies. Au-dessus un jardin public fréquenté par des israélien juifs de toutes origines, avec un terrain de jeu pour les enfants et un mémorial en l’honneur de l’empereur allemand Wilhelm II qui en visite en Palestine en 1898 est passé à Haïfa le 25 octobre. En fait le parc est surtout l’occasion de faire références aux brèves rencontres de Theodor Herzl avec l’empereur, qui auront malheureusement contribué à donner une certaine audience à Herzl et au sionisme en Europe.        

En remplacement de la visite des jardins en terrasses Baha’ies nous nous dirigeons alors vers le monastère de Stella Maris. Il a entre autres pour caractéristique de contenir les vestiges d’une très ancienne grotte dans laquelle se serait réfugié le prophète Élie. Mais là encore les horaires de visites ayant changé nous trouvons porte close.

De guerre lasse nous décidons de prendre une petite heure pour aller nous baigner sur la plage de Haïfa

En chemin Pierre nous raconte la petite anecdote qu’il a vécue dans l’église Stella Maris il y a quelques années de cela. L’église était ouverte et il avait pu la visiter. Une fois à l’intérieur de l’église, arrive un groupe de juifs religieux avec leur kippa sur la tête, qui s’installe autour de la grotte d’Élie et commence à prier avec ferveur. C’était le première fois qu’il voyait autant de juifs religieux prier dans une église catholique.

    Le bain s’est très bien passé. L’eau était bonne, assez chaude mais sans être de la soupe. Nous avions trouvé une bonne place à l’ombre sous l’un des auvents installés sur la plage. Le seul problème c’était l’entrée et la sortie de l’eau parce qu’entre la plage et la zone de natation il y avait un bande assez large de galets qui faisait sacrément mal aux pieds pour pouvoir aller nager ou faire trempette.

Après le bain de mer nous prenons la route de Saint Jean d’Acre où nous allons déjeuner. Nous y arrivons vers 14h30, et à 15h00 nous sommes tous installés dans le restaurant Suhaira dirigé par une femme qui s’appelle Haïda. Nous y mangeons d’excellents homos (de deux types différents), avec plein de salades, du pain palestinien et des falafels. Aïssa dit que ce sont les meilleurs falafels de la ville.

       

   

Nous partons ensuite visiter Saint Jean d’Acre. Aïssa nous explique que Saint Jean d’Acre (Akka en arabe) était une ville très bien placée sur la route des épices/route de la soie. On y trouvait donc de nombreux caravansérails, lieux où les commerçants pouvaient penser leurs bêtes, entreposer et vendre leurs marchandises, et se loger pour le temps que durait le séjour (une à deux ou trois semaines). Ces caravansérails ont été très souvent détruits par les attaques des brigands, des croisés, ou tout simplement par des tremblement de terre.

 

Au 11 siècle Saint Jean d’Acre est la Ville des Croisés. C’est là qu’ils débarquent et c’est de là qu’il mènent leurs expéditions vers Jérusalem. C’est une vrai forteresse. Les Hospitaliers y auront même construit des souterrains où l’on débarquait les gens malades qui venaient en Terre Sainte et où ils restaient en quarantaine.

 

Nous visitons d’abord la Mosquée d’Ahmed Pacha al-Jazzar (= le boucher). Construite en 1781 au début de l’installation d’Ahmed Pacha al-Jazzar à Saint Jean d’Acre, c’est la plus grande mosquée de Palestine après celle d’al-Aqsa à Jérusalem.

Ahmed Pacha al-Jazzar était semble-t-il un chef sanguinaire, mais il a également été un grand constructeur. Outre la mosquée, il a fait construire des canaux d’irrigation dans les campagnes environnantes, des canaux d’adduction d’eau pour la ville, le deuxième rempart de la ville, … au point que la ville s’est révélée suffisamment forte et puissante pour résister au siège de Napoléon Bonaparte en 1799.

 

Après la visite de la mosquée nous parcourons la vieille ville, passons devant la prison ottomane, puis devant le Caravansérail « aux colonnes », qui a été fermé par les autorités israéliennes pour travaux. On projette d’y construire un hôtel de luxe. Et par la même occasions 25 familles des alentours ont été menacées d’expulsion, selon le processus de plus en plus utilisés d’expulsions pour mener des travaux d’intérêt général. Il aura fallu une mobilisation extrêmement forte des habitants et un recours qu’ils auront fini par gagner pour que leur expulsion ne se fasse pas. Mais quand l’État perd une manche il revient toujours à la charge. D’autres expulsions ont été planifiées, pour construire des logements pour des étudiants, des ateliers pour des artistes, qui elles ont réussi. Et c’est ainsi que petit à petit on vide la ville de ses habitants palestiniens, « dans l’intérêt général ». Le grand remplacement est en marche, et il est de plus en plus difficile de s’y opposer.

 

Nous avons terminé la visite de Saint d’Acre par une promenade en bateau,aux rythmes du Raï, qui nous a menés en dehors des murs de la ville et nous a permis d’en avoir une vue depuis la mer. Nous avons pu au loin voir les montagne de la haute Galilée, et plus au nord deviner la frontière libanaise.

 

Après un parcours sur les remparts, une rapide visite de la petite église de Saint Jean Baptiste et un pot bien mérité sur le mur avec vue sur la mère nous avons repris la route de Nazareth où nous sommes arrivés à 20h pour le repas, après cette belle journée, de détente certes, mais qui nous a bien fatigués quand même.

 

                                                                                                                Éric et Lily