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24/07/22

Haaretz

    
Le problème quand on parle
de l’apartheid israélien
Par Amira Hass, le 24 août 2021
 

Nous devrions être reconnaissants de ce que le terme d’« apartheid », pour désigner le régime israélien entre le fleuve et la mer, devienne de plus en plus banal et de plus en plus légitime, et qu’il devienne même à la mode. Mais comme avec toute mode, il y a un problème ici aussi. Pas avec la définition elle-même, mais avec ce qui en est omis.

Le problème est que dans toute l’ardeur du discours sur l’apartheid, une de ses dimensions, une dimension dynamique, active et dangereuse —le colonialisme d’occupation juif — s’en est trouvée atténuée et émoussée. Selon l’idéologie et les politiques du colonialisme d’occupation juif, les Palestiniens sont inutiles. En bref, il est possible, rentable et désirable de vivre sans les Palestiniens dans ce pays, entre le fleuve et la mer. Leur existence ici est conditionnelle, elle dépend de nos souhaits et de notre bonne volonté — c’est une question de temps.

L’idéologie de cette « inutilité » est un poison qui s’étend particulièrement quand le processus du colonialisme d’occupation est à son comble. Et c’est actuellement la situation en Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est). L’illusion qu’Israël arrêtera l’entreprise de colonisation a été détruite avant même que l’encre des Accords d’Oslo ne soit sèche.

La vision que l’Autre est inutile est à la base des ordres militaires et des activités de l’administration civile et de la municipalité de Jérusalem — comme le fait d’empêcher des constructions, la démolition des maisons et l’expulsion des résidents palestiniens vers des quartiers et des enclaves surpeuplés. Elle explique la violence des colons et la facilité avec laquelle nos soldats et nos officiers de police tuent des Palestiniens, ainsi que le contexte dans lequel Bezalel Smotrich, membre de la Knesset pour le parti du sionisme religieux, parle des membres palestiniens de la Knesset comme de « citoyens, pour le moment ».

Le colonialisme d’occupation est un processus continu au cours duquel les terres sont accaparées, les frontières historiques déformées et remodelées, puis les peuples autochtones expulsés. L’apartheid comme nous l’avons connu en Afrique du Sud était le dernier stade avancé du colonialisme d’occupation mené par les Pays-Bas, la Grande-Bretagne et le Portugal, puis les citoyens des autres nations européennes.

En fait, inhérent au terme « séparation » est le fait que différents groupes de personnes vivent à l’intérieur d’un seul cadre — sous le contrôle d’un unique centre principal de pouvoir. La séparation, que le parti travailliste et son rejeton (le parti Bleu et Blanc et ceux de son acabit) aiment tant brandir — avec leur manque caractéristique de conscience sur sa signification accusatrice en afrikaans (apartheid) —, ne constitue pas une reconnaissance du droit à l’auto-détermination pour les Palestiniens, mais plutôt l’accélération de la création d’enclaves palestiniennes et d’un auto-gouvernement limité à l’intérieur de l’espace qu’Israël contrôle.

L’apartheid institutionalisé solidifie la discrimination entre les colons victorieux et le peuple colonisé vaincu — au moyen de la législation, de divisions géographiques claires et de la délimitation de frontières définitives — tout en maintenant une certaine stabilité dans les relations entre le supérieur et l’inférieur. Néanmoins, la dépossession des résidents autochtones de leurs terres n’a jamais cessé complètement, que ce soit en Afrique du Sud ou dans d’autres régimes de suprématie blanche établis dans des terres et des continents que les Européens ont conquis et colonisés dans les siècles récents, dont l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada, le Brésil, les Etats-Unis, etc.

Dans l’apartheid, les autochtones rendus inférieurs et les colons victorieux supérieurs vivent ensemble sous un seul toit. Par souci de pérennité, le régime a besoin des autochtones survivants pour rester en vie. Ils sont exploités autant que possible, leurs vies sont bon marché, le doigt sur la gâchette qui les tue est aisé. Mais ils sont essentiels. Ils sont comptés. Cependant, à un stade précoce, celui de la colonisation — qui vise à s’emparer de tout le territoire — les habitants d’origine, qui sont contraints à un statut d’infériorité, deviennent inutiles. il est possible et rentable, et même désirable, de vivre sans eux (et de compenser leur absence en amenant des esclaves et d’autres mains d’oeuvre bon marché d’autres pays).

L’idéologie qu’un peuple entier est inutile — ou de larges groupes de gens [vus comme] inférieurs — consumme et ébranle et supplante toute valeur de l’égalité humaine qui peut exister dans la culture du peuple conquérant. Plus forte devient la dimension du colonialisme dévoreur de terres, plus inutiles les inférieurs sont-ils considérés aux yeux des supérieurs. Plus fraîche et plus vibrante est la composante colonialiste, plus le peuple supérieur — dans notre cas les juifs, honte aux doigts qui doivent écrire cela — sera favorable à la disparition des autres. C’est pourquoi la droite adepte du « transfert » est si forte dans les colonies d’Israël.

L’existence de l’apartheid israélo-juif a été mis en relief dans deux textes publiés cette année, par l’organisation des droits humains B’Tselem et par Human Rights Watch. Ces groupes, cependant, ne sont pas les premiers à appeler le monstre par son nom. Avant eux, il y avait bien sûr les Palestiniens eux-mêmes – à travers les activités de BDS (boycott, désinvestissement et sanctions) les réseaux sociaux ou les rapports des ONG. Il est regrettable, et attendu, que c’est seulement quand B’Tselem a publié sa position qu’une large discussion internationale a commencé sur le sujet. Parce que c’est l’une des caractéristiques de la stratification raciste, ethnique et de classe dans le monde entier : les définitions et les descriptions de la réalité dans laquelle des subalternes et des inférieurs existent (femmes, minorités, migrants, travailleurs, etc) doivent obtenir un tampon d’approbation du groupe hégémonique et académique pour être acceptées comme correctes.

Ces deux rapports font effectivement le lien avec l’ingénierie de l’espace géographique et la prise de contrôle juive hostile sur les terres palestiniennes. Mais à un moment où la définition du régime israélien en tant qu’apartheid s’enracine dans le discours international, l’élément concernant le caractètre « inutile » des Palestiniens s’estompe. Estompée aussi la différence entre les types d’apartheid qui coexistent sous un seul toit : à l’intérieur des frontières de 1948 d’Israël, l’apartheid est plus mûr et plus consolidé. Les Palestiniens sont inférieurs, mais ils sont aussi des citoyens qui sont comptés dans les statistiques. Dans les territoires occupés en 1967, le processus de dépossession et de colonisation est encore en action, à pleine force. Les autochtones palestiniens sont là bien plus exposés au danger d’une expulsion discrète et massive comprise dans l’idéologie de l’« inutile », qui est répandue par les colons et les mouvements de colonisation.

Source : Haaretz

Traduction CG pour l’Agence média Palestine

    

Née le 28 juin 1956 (à 66 ans)
Jérusalem, Israë

Nationalité israélienne

Université hébraïque de Jérusalem

Profession Journaliste

Années d'activité 1989-présent
Employeur Haaretz

Connue pour sa couverture de la vie quotidienne dans les territoires palestiniens

Biographie

Fille de deux survivants de l'Holocauste, Hass est l'unique enfant d'une mère juive sépharade née en Bosnie, qui a survécu à neuf mois dans le camp de concentration de Bergen-Belsen, et d'un père juif ashkénaze né en Roumanie. Hass est née à Jérusalem[3] et a fait ses études à l'Université hébraïque de Jérusalem, où elle a étudié l'histoire du nazisme et la relation de la gauche européenne avec l'Holocauste.

Carrière dans le journalisme
Frustrée par les événements de la première Intifada et par ce qu'elle considère comme leur couverture inadéquate dans les médias israéliens, elle a commencé à faire des reportages dans les territoires palestiniens en 1991. En 2003, elle est la seule journaliste juive israélienne à avoir vécu à plein temps parmi les Palestiniens, à Gaza de 1993 à 1997 et à Ramallah depui.

En septembre 2014, Hass a assisté à une conférence à l'université de Birzeit organisée par la fondation allemande de gauche Rosa Luxemburg et le Centre d'études du développement de l'université[5][source non fiable ?] Elle a été priée de partir par deux conférenciers de Birzeit en raison d'une règle contre la présence d'Israéliens (qu'elle a jugée comme signifiant les Juifs israéliens)[6] Elle a déclaré qu'elle avait fréquenté l'université de nombreuses fois et qu'elle n'avait jamais entendu parler d'une telle règle[6] Les organisateurs de la conférence internationale ont été offensés. La responsable régionale de la Fondation Rosa Luxembourg, Katja Hermann, a déclaré après l'incident qu'elle n'aurait pas accepté de tenir la conférence à Birzeit si elle avait été au courant de cette politique[6]. L'université a ensuite publié une déclaration disant que "l'administration n'a rien contre la présence du journaliste Hass"[6].

Vues et opinions

Hass s'identifie comme une gauchiste[6] En 2011, elle a rejoint la flottille de la liberté II pour Gaza Dans un discours à Vancouver, lorsqu'on lui a demandé s'il y avait un espoir pour la région, Hass a répondu : "Seulement si nous continuons à construire un mouvement binational contre l'apartheid israélien"

En 2006, elle a comparé les politiques israéliennes envers la population palestinienne à celles de l'Afrique du Sud pendant l'apartheid, en disant : " Les Palestiniens, en tant que peuple, sont divisés en sous-groupes, ce qui rappelle aussi l'Afrique du Sud sous le régime de l'apartheid. "

En avril 2013, Hass a écrit un article dans Haaretz défendant les jets de pierre palestiniens, les qualifiant de " droit de naissance et de devoir de toute personne soumise à une domination étrangère " Elle a été critiquée par le politicien de gauche Yossi Beilin et Adva Biton, dont la fille de trois ans a été grièvement blessée lors d'une attaque à la pierre palestinienne Le Conseil de Yesha

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