,Depuis
le 10 mars 2022, Salah HAMOURI, notre confrère
franco-palestinien, avocat au Barreau de Ramallah, est détenu au
sein de la prison d'OFER.
Sa
détention administrative, d'une durée de trois mois
renouvelables, fait suite à une interpellation du 7 mars 2022
dont les motifs n'ont pas été communiqués.
Malgré
les demandes du quai d'Orsay de connaître les causes de la
détention administrative de ce citoyen français, l'État
israélien s'obstine à faire état de lapidaires raisons
sécuritaires, prétextant que Me HAMOURI " menace la
sécurité de la région ".
Le
dossier afférent à cette détention est inaccessible, aux
avocats de Salah HAMOURI comme à l'État français.
Depuis
sa libération d'une détention similaire arbitraire, le 30
septembre 2018, Salah HAMOURI exerce le métier d'avocat,
défenseur de prisonniers politiques palestiniens pour l'ONG
Addameer. A ce titre, il défend ses clients devant les tribunaux
militaires israéliens, et doit leur rendre visite dans les
geôles israéliennes.
Les
autorités israéliennes tentent, depuis le 3 septembre 2020, de
révoquer le droit de résidence à Jérusalem de Me HAMOURI. Ce
dernier multiplie les recours, mais se voit contraint de rester
sur le territoire pour éviter que les autorités israéliennes
lui en refusent l'accès.
Depuis
septembre 2020, il n'a obtenu le droit de se rendre que quelques
jours en France pour la naissance de sa fille en avril 2021. Sa
femme est, elle, interdite de territoire israélien depuis 2016.
Or,
depuis le 18 octobre 2021, Me HAMOURI s'est vu notifier un retrait
de sa carte de résident permanent, lui permettant de résider à
Jérusalem et de circuler sur le territoire israélien. Il a
contesté cette décision illicite et arbitraire dans la mesure
où il est né à Jérusalem, l'affaire est actuellement pendante
devant la Cour Suprême. Cependant, les autorités israéliennes
refusent de considérer ce recours comme étant suspensif et
interdisent Me HAMOURI de passer les checkpoints vers Israël
(mais également ceux situés à l'intérieur de la Cisjordanie)
depuis le 18 octobre 2021. Me HAMOURI est donc dans
l'impossibilité de rendre visite à ses clients en détention, ou
de se présenter aux audiences dans lesquelles il intervient.
Pour
priver définitivement Me HAMOURI de toute possibilité d'exercer
son métier d'avocat, le 19 octobre 2021, l'ONG Adameer pour
laquelle Me HAMOURI travaille, est classée " organisation
terroriste " avec 5 autres ONG palestiniennes. Cette ONG a
pour objet social " le soutien des prisonniers politiques
palestiniens détenus dans les prisons palestiniennes et
israéliennes ". Elle " offre aux prisonniers politiques
une aide légale, une défense de leurs droits au niveau national
et international, et travaille à faire cesser la torture et toute
autre violation des droits des prisonniers à travers de la
surveillance, des procédures judiciaires et campagnes de
solidarité ".
Human
Rights Watch et Amnesty International ont notamment dénoncé
cette décision arbitraire. Les autorités militaires
israéliennes, sollicitées, refusaient le 2 janvier 2022 de
communiquer les motifs pour de prétendues " raisons de
sécurité ". Une contestation officielle a été déposée
le 3 février 2022. Suite à une enquête menée par Front Line
Defenders, CitizenLab et Amnesty International's Security Lab, la
présence du logiciel espion Pegasus a été détectée sur le
téléphone portable utilisé professionnellement par Me Salah
HAMOURI, entravant ses fonctions et notamment le droit fondamental
à une confidentialité des échanges d'un avocat avec ses
collègues et clients. Compte tenu du fait que cette surveillance
était active lors de son déplacement sur le territoire français
en avril 2021, Me Salah HAMOURI, par le biais des avocats de la
FIDH et de la LDH, a déposé plainte contre NSO Group en France.
Cela
s'ajoute aux nombreuses entraves à l'exercice de sa profession,
mais aussi à sa vie privée, et familiale. Me HAMOURI est
actuellement privé de tout droit de voir ou de téléphoner à sa
femme et ses deux enfants, qu'il n'a pas vu depuis mai 2021. Nul
ne sait à ce jour si l'autorité israélienne entend prolonger la
détention administrative au mois de juin, ou ordonner l'expulsion
du territoire de Me HAMOURI.
Le
SAF dénonce ces méthodes illicites utilisées par l'état
militaire israélien qui ont pour seul objet que de faire taire la
voix de la défense, du droit et des libertés pour les minorités
opprimées.
Au-delà
de la personne même de l'avocat, c'est la liberté qui est
meurtrie. Le SAF exige la libération immédiate de notre
confrère ainsi que l'arrêt de toute restriction à sa liberté
de déplacement. Il s'associe à l'appel du Quai D'Orsay pour
" qu'il puisse mener une vie normale à Jérusalem, où il
est né et où il réside, et que son épouse et ses enfants
obtiennent le droit de s'y rendre pour le retrouver ".
|