Sommaire     Les news de l'AFPS Alsace  - 2022 Menu

Emeute juive à Hébron

19/11/22

Haaretz

   

   

L’émeute juive à Hébron n’est qu’un avant-goût

 

   

Les centaines d’Israéliens qui ont lancé des émeutes à Hébron samedi l’ont fait en ayant clairement en tête qu’ils sont les maîtres des lieux et que c’est maintenant "le moment d’Itamar Ben-Gvir". Quelque 32 000 Juifs sont venus dans la ville pour marquer par la prière la portion Chayei Sarah de la Torah.

La police a annoncé qu’elle s’était préparée à l’avance à cet événement. Mais dans un lieu où la suprématie juive est ancrée militairement (sous le "contrôle total de la sécurité israélienne"), les préparatifs des forces de sécurité ne signifient qu’une seule chose : débarrasser des pans entiers de la ville des Palestiniens pour permettre aux maîtres juifs de défiler dans ses rues.

Et de fait, l’armée a fermé la zone autour du marché - bien qu’il se trouve au cœur de la section palestinienne d’Hébron - et a exigé que les propriétaires de magasins ferment leurs boutiques. Mais les Juifs ne se sont pas contentés de prier. Les manifestants ont été filmés en train de scander "un Juif est une âme ; un Arabe est un fils de pute" (ce qui rime en hébreu) et de frapper et jeter des pierres.

Des résidents palestiniens ont signalé des blessures, notamment une jeune fille de 17 ans qui a été frappée au visage par une pierre et emmenée à l’hôpital. En outre, des maisons et des biens palestiniens ont été vandalisés.

"Il n’y a pas une maison dans le quartier de Tel Rumeida qui n’ait pas été attaquée. Ce qui s’est passé aujourd’hui n’était pas normal", a déclaré un habitant d’un quartier adjacent. "Une jeune de 15 ans a été frappé au visage avec une pierre et son nez a été cassé. Les gens ont pulvérisé du gaz poivré, et un de mes voisins a vu sa porte défoncée et des gens sont entrés chez lui." Tout cela s’est déroulé alors que l’armée tentait de séparer les Palestiniens et les Juifs.

Tout cela serait sans doute passé inaperçu si l’un des blessés n’avait pas été une femme soldate israélienne qu’un manifestant [israélien] a attaquée avec un bâton. Après tout, le public israélien est devenu complètement indifférent à l’effusion de sang palestinien et au manque de considération pour les maisons et les biens des Palestiniens, ainsi qu’à l’atteinte à la dignité des personnes vivant sous un régime militaire.

Suite à l’attaque de la soldate, ces événements ont attiré l’attention du public et ont même suscité des réactions officielles. Le chef d’état-major des FDI (Forces de défenses israéliennes), Aviv Kochavi, a déclaré qu’il y avait eu "un comportement criminel embarrassant et honteux". Le Premier ministre Yair Lapid a déclaré que "l’attaque contre un soldat de Tsahal est une honte nationale." Le ministre de la Défense, Benny Gantz, a dénoncé les émeutes mais en a imputé la responsabilité à des extrémistes. ("Je suis certain que les émeutiers, qui ne représentent pas les colonies, seront traduits en justice").

L’amère vérité est que ni Lapid, ni Gantz, ni Kochavi n’ont le pouvoir public nécessaire pour exploiter l’énergie qui a éclaté à Hébron samedi. Et non seulement le nouveau gouvernement n’est pas intéressé à arrêter cette énergie dangereuse. Il surf dessus.

Les incidents d’Hébron sont emblématiques de l’esprit de l’époque. Et de ce point de vue, on peut et on doit considérer ces événements comme un aperçu de ce qui risque de se produire en Israël et en Cisjordanie sous le règne de Benjamin Netanyahou, Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir.

L’article ci-dessus est l’éditorial principal de Haaretz, tel que publié dans les journaux hébreux et anglais en Israël.

Traduction : AFPS